Je suis partie cinq jours suivre une retraite de yoga, j’ai noté sur mon carnet tout ce que j’ai réalisé sur place, voici le récit de cette aventure.
JOUR -1
En ce moment: je suis dans un avion, en partance vers une retraite de yoga. Je suis à la recherche d’inspiration. D’un temps rien que pour moi. Pour digérer tout ce qui s’est passé depuis quelques mois, quelques années: voir papa souffrir, la peur de le voir partir, la douleur d’être loin de ma famille, de mes parents qui se font vieux et la frustration de ne pas être là pour porter le poids du quotidien avec eux, plusieurs longues conversations que j’ai en retard avec mon coeur, renouer avec ma flamme intérieure, avec le but de ma vie. De l’air frais. J’ai touché du doigt certaines questions, d’autres, ça fait des mois que je les évite. Parce que ça fait mal. La seule chose que je sais c’est qu’à chaque fois que je parle de mon père je sens de l’humidité chaude tout autour de mes yeux. Il y a une blessure. Et le besoin de la nettoyer, de guérir, d’aimer. Lui. Moi. Tout en fait. On avait tellement de problèmes avant, et maintenant ça fait mal de l’aimer, ça fait mal de l’aimer parce ça fait mal de sentir que je le perds.
Il y a mon insatisfaction aussi, qui me dévore. Est-ce que vis ma vie assez? Mais si je redirige tous les doutes que j’ai sur moi, vers une nouvelle question: comment est-ce que je peux rendre service aux autres? Tout change. Et momentanément, la peur n’existe plus et ma vison s’éclaire.
J’ai une boule au ventre, mes cheveux sont huileux, mes yeux fatigués, j’ai le dos rond et pas vraiment envie de le redresser aujourd’hui, mon sacrum est sensible et depuis plusieurs jours le bas de mon ventre est dur et gonflé. Mais je suis là. Mon coeur bat. Je réponds présente à moi-même. Je me sens comme une feuille qui tremblote poussée par le vent. Mais le vent est fort et puissant et il souffle avec espoir. Je laisse les courants incertains du vent m’amener à tous les endroits où j’ai besoin d’aller.
Un pas à la fois.
JOUR 1
Premier jour de la retraite de yoga et j’ai déjà trouvé ce que j’étais venue chercher. Ma tête buzze avec de nouvelles idées, mon coeur est calme, je m’isole pour écrire. Je ne sais pas ce que je pense tant que je ne l’ai pas écrit sur un papier. Je suis réveillée depuis 5h du matin, la maison est silencieuse, tout le monde dort. Je mets de l’eau à chauffer sur le feu, je m’amène une tasse de thé sur la terrasse, mon jeu de cartes d’anges, mon carnet. Je commence à écrire. Parce que quelque chose de fou s’est passé hier!
Hier soir, autour du cercle d’ouverture, je me suis présentée face à cinquante personnes. Ma voix tremblait avec émotion. J’ai fini en disant que ce qui m’avait amené ici c’était que j’avais besoin d’une mission. J’ai fait une pause, j’ai cherché mes mots (devant une salle de cinquante personnes qui m’attendait) et j’ai corrigé: j’ai besoin d’un projet créatif. C’est ça. De quelque chose qui me sorte du lit aux aurores avec l’âme toute excitée. Puis sans réfléchir, j’ai tiré une carte du tarot parmi les centaines disponibles, je l’ai retourné. En grosses lettres capitales il était écrit « PROJET CREATIF ». C’était tellement bizarre. Et à la fois.. Pas bizarre du tout. Ma voisine regardait sa carte avec une moue perplexe, elle avait tiré « FILS » et n’avait aucune idée de ce que ça pouvait représenter. Mais moi je sais. Je sais. Je sais! J’ai toujours su. Je ne sais pas encore quoi, ni comment, mais je sais au plus profond de mon être: j’ai parcouru des milliers de kilomètres, j’ai frayé mon chemin dans cette salle, pour m’asseoir à cette place précise, à côté de cette voisine – pour tirer cette carte. Tout est si clair, si plein de sens, si destiné à être.
Mon coeur me parle à nouveau. Il bat si fort dans ma poitrine. Je regarde au loin dans le ciel bleu. Je me sens si, réveillée. Je me sens pleine d’espoir.
JOUR 2
J’ai cinq jours pour comprendre ce que l’amour est. Hier soir, allongée sur mon tapis de yoga, j’ai pleuré jusqu’à ce que mes larmes remplissent mes oreilles, quand je me suis relevée j’ai du pencher ma tête et la secouer, comme quand on sort de la mer. J’ai pleuré comme une enfant a qui il est arrivé un gros chagrin. J’ai pleuré a en avoir du mal à respirer. Nez bouché, bouche grande ouverte qui cherche de l’air, les secousses qui partaient de mon ventre remontant jusqu’à mon coeur, me disaient: Laisse. Tout. Sortir. J’ai pleuré comme une petite fille apeurée.
En grandissant j’ai déménagé loin de ma famille, j’ai perdu des amis ou je n’en ai pas eu, je me suis sentie seule, différente, des kilomètres se sont mis entre moi et les gens que j’aime. Hier soir, j’ai eu une grosse révélation. Je m’isole des gens alors que c’est l’inverse que je veux. C’est tout l’inverse que je veux. J’accentue la tendance à m’isoler alors qu’elle me fait déjà, tellement souffrir. Ma famille me manque. Tellement. Tellement. Ma mère. Ma soeur. Qui n’est pas seulement loin avec son corps, on s’est aussi éloignées l’une de l’autre avec nos coeurs. J’ai besoin de soutien. Tellement. Tellement.
Je considère qu’avoir besoin des autres est une faiblesse, et ainsi, je me prive de ce dont j’ai le plus besoin. Ma famille me manque. Vraiment. Vraiment. Au point où c’est insoutenable. J’ai besoin d’une famille, de sang et choisie.
Comment je fais?
Univers, aide moi.
Je m’inflige de la solitude parce que c’est la douleur que je connais.
JOUR 3
Je me laisse digérer tout le relâchement émotionnel que cette prise de conscience a eu sur moi, aujourd’hui je n’écris rien.
JOUR 4
Tellement de belles choses sont sorties de ces grosses larmes. J’ai appris que j’ai faim de connexion. En fait, je suis affamée!
Hier soir on nous a demandé de nous allonger au sol, les pieds en contact avec les pieds d’un inconnu. Je n’aime pas trop les pieds! Mais c’était l’exercice alors je l’ai fait et soudain ça m’a frappé, j’avais un sourire béat sur mon visage! De sentir ces pieds chauds, d’être autorisé à toucher cette chair d’un autre être humain, sans qu’il y ait de peur que ce soit mal interprété, que la personne ne veuille pas, que ce soit sexuel, que ce soit trop long, que ce soit déplacé, que je sois rejeté. Je ne savais pas qu’il n’y avait pas que mon coeur qui désirait ardemment être touché, mon corps aussi. J’aime toucher et être touchée! Et je sais que j’écris ça sur une plate-forme où ça pourra être mal interprété et je sais que je suis une femme et qu’on grandit avec cette peur de l’homme, et je sais que je recevrai peut être à nouveau un message d’un homme qui me demande de republier une photo de mes pieds parce qu’il les trouve jolis et j’aurai envie de le frapper au visage.. J’envoie chier tout ça. Mon corps est en vie! Le tien aussi. Est-ce que tu peux le sentir? Ce contact de chair à chair – c’est vital. J’ai envie que ma maman me passe les doigts dans les cheveux et décolle les petits cheveux collés à mon front, que mes amis me passent la main à l’arrière du coeur avec douceur, j’ai besoin de câlins sincères. D’une main qui prend la mienne.
Ton corps est magnifique. Tu n’as pas à avoir honte de quoi que ce soit! Ne l’oublie pas
JOUR 5
Je ne sais pas par où commencer. Je suis assise à l’aéroport de Londres Heathrow en attendant mon vol pour Toulouse. Ma retraite de yoga est finie et pourtant, tout ne fait que commencer. Je souris! Mon coeur est en paix, mon esprit buzze avec de nouvelles idées, mon carnet est recouvert de notes. Des notes sur toutes les façons dont je vais partager cette guérison, celle que j’ai dans mon coeur, avec vous.
Je me suis sentie mal à l’aise dans mon rôle de professeur de yoga depuis quelques mois. Je ne suis pas passionné par les postures d’équilibre sur les mains ou par l’envie de « me dépasser » dans ma pratique – du tout. J’ai faim de ce qui est à l’état brut, vulnérable, merveilleux. Je veux donner des cours qui ont du SENS. Pourtant, quand je vois une salle remplie d’élèves, je me mets la pression en imaginant qu’ils veulent que je leur apprenne des postures incroyables. Qu’ils attendent ça, d’une professeur de yoga. Je ne m’autorise pas complètement à donner ce que j’ai à offrir. Pourtant, je sais que c’est pour ça que vous venez. Ce qui vous tient à coeur c’est la guérison. C’est ouvrir le corps pour découvrir le coeur. C’est le lâcher prise. C’est l’amour. Et c’est ce que j’ai l’intention d’enseigner à partir de maintenant. Et je vous emmène sur ce chemin avec moi!
J’enseigne à Toulouse, je vais continuer à dépasser ma zone de confort et organiser des ateliers en France, et le timing est parfait, les inscriptions pour une retraite très spéciale près de Paris en novembre, ouvrent aujourd’hui. Pour tout ça, vous n’avez pas à être quoi que ce soit d’autre qu’un être humain. Préparez-vous! L’amour. Il arrive.
UNE SEMAINE APRES
Je laisse partir mes peurs dans les flammes.
Je sens ces papillons dans le ventre depuis que je suis rentrée. Comme si j’étais enfin, réveillée. Les synchronicités se succèdent, je viens d’écouter un podcast et je pense à ma soeur, au moment même elle m’appelle et elle me parle de ce podcast qu’elle a écouté. Vous avez deviné, c’est le même! Et on se retrouve propulsées dans 45 minutes d’une longue conversation – de coeur à coeur. Elle m’avait manqué. Je lui parle de ma grande réalisation de la semaine dernière, le soir où j’ai pleuré toutes les larmes que je retenais depuis des années. Je lui raconte que j’ai vu la vie de notre famille défiler, mes parents quitter leur pays natal, j’ai vu des ciseaux couper des racines sous leur pieds. Puis mes parents, ma soeur et moi, comme un bloc, puis ma soeur qui part, mes parents qui partent et tout d’un coup, juste moi. Qui flotte dans le vide. A ce moment là, les émotions confuses se sont concentrées en une seule vague d’énergie, et elle est venue se loger dans le bas de mon dos. Là où je suis tombée il y a des années et j’ai encore mal, tous les jours. Puis je me suis vue moi, continuer à avancer sur le fil du temps, refuser des invitations à sortir, ne pas prendre soin de mes amitiés, dire aux autres: je ne suis pas seule, je suis introvertie. Et soudain, tout a fait sens. La douleur de mes parents est la mienne. Nous vivons tous les quatre, depuis longtemps, avec des racines coupées sous les pieds. Et nos coeurs. Oh nos coeurs, ils sont comme des enfants qui n’attendent qu’une seule chose: laisser les autres rentrer, laisser les autres rentrer, laisser les autres rentrer.
Je suis prête à laisser partir le mur que j’ai construit entre moi et les autres. Je peux sentir mes ancêtres sourire. Eux. Moi. Nous. On est tous en train de guérir.
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Bonjour Cécile,
J’ai plusieurs fois relu ce post tant il me trouble.
Justement, je me demande quelles sont les expériences qui nous ouvrent à nous-mêmes, au monde, qui nous permettent de prendre conscience de ce que nous sommes, avec nos failles comme nos forces.
D’après toi, qu’est-ce qui t’a permis de t’ouvrir à toi-même? Le yoga? La méditation? L’écriture ? Il y a-t-il d’autres voies à emprunter? de voix à écouter?
Comment sortir de notre torpeur quotidienne, et ressentir à nouveau les questions qui nous taraudent?
Un billet – ou des échanges sur le sujet m’intéresserait beaucoup.
Merci.
Gaell e
Bonjour Gaelle,
Merci pour ton message.
Le yoga est très fort parce qu’il nous connecte à la voix du corps, et le corps parle, et c’est une voix qu’on n’entend pas assez. Une fois le corps écouté, l’écriture m’aide beaucoup, ça consiste à amener à la lumière ce qui est dans l’ombre. Enfin, j’utilise des techniques où j’amène chacun à partager quelque chose qui est vulnérable parce que quand on amène à la lumière quelque chose qui est caché, qu’on comprend pas, qui nous fait honte… c’est libérateur.
Je propose un mélange de ces trois expériences pendant les retraites de yoga et les ateliers que je propose (et dans les retraites, parce qu’on reste deux à cinq jours, c’est particulièrement transformateur) donc si tu es à la recherche de quelqu’un pour te guider et d’un moment rien que pour toi pour faire cette expérience, tu es la bienvenue! Sur cette page, tu trouveras les dates de mes prochaines retraites et ateliers: https://www.ceciledohertybigara.com/yoga/#events
Et oui, même si tu n’as jamais fait du yoga avant, tu peux venir!
Chaleureusement,
Cécile
Hello Cécile !
J’ai beaucoup aimé ton témoignage, on ressent beaucoup d’amour et d’épanouissement dans ton texte. Le yoga me fait beaucoup de bien également, si tu ne l’as pas encore vu, je te conseille le film « Le Souffle des Dieux » qui est devenu une référence pour moi !
A bientôt !
Jerem
Quel beau texte et parcours Cécile. Quand on accepte de lâcher-prise et d’accueillir ce qui se présente, on découvre de belles choses, on se découvre, on se sent prêt à lâcher ce qui ne nous convient plus et à grandir avec bienveillance.
Mille merci pour ton partage qui fait écho en moi.
Cécile, ton témoignage m’émeut! Merci pour cette pure sincérité.
Cette expérience t’as fait passer par différentes état d’âmes et bouleversements, questions, tristesse, joie,paix… J’imagine que l’on apprends énormément sur soi et je suis moi même à la recherche de réponses. Je débute dans la pratique du yoga et de la méditation et je ne me doutais pas avant de lire ton récit que l’on pouvais toucher un tel niveau d’intensité. Cette découverte me séduit mais me fais tout aussi peur. Comment gérer ces bouleversements et ce flots d’émotions ? Est ce que je veux vraiment me retrouver seul avec moi même et vivre cette introspection ?
Paradoxe quand tu nous tiens haha! Aurais tu quelques conseils pour sauter le pas ?
Merci encore pour ce témoignage qui me fait porter un nouveau regard sur le yoga et éveille ma curiosité.
Leah
Tout ce que tu dis me parle.
Vivons l instant ,aujourdhui est neuf hier n est plus et demain n est pas là .
Ce week end j etais en montagne dans un refuge avec des amis et apres avoir fait mon yoga je suis partie faire ma meditation sur le sommet de la montagne, j avais emporté » l art du calme interieur » de Eckhart Tolle et il y avait une reponse que je ne trouvais pas durant ma meditation, quelque chose sur lequel je ne pouvais mettre de mot.
J ai repris le livre et la page m a donnée cette réponse : tu n as pas besoin d avoir toutes les reponses, repose toi en moi.avec le calme viens la paix.
Merci pour ton partage qui m a touché et m a donné envie de reagir c est une 1 er pour moi je n ai jamais fait ca avant
Vraiment un article très bien rédigé sur un sujet très intéressant !
Je viens de te découvrir par une recette de lentilles corail au lait de coco. De lien en lien, je suis tombée sur ton témoignage. Il n’y a jamais de hasard dans la vie et je suis sûre que j’avais besoin de lire ta retraite en Inde pour m’aider. Je suis allée en cure Ayurvédique au mois d’Octobre pour 18 jours et j’ai aussi vécu un retour aux sources exceptionnel. Un bien être, une plénitude que je n’avais jamais ressentie. J’étais dans l’instant, bien ancrée. Je me retrouve dans ton expérience. Je pratique le yoga depuis des années mais seule. En Inde, j’ai rencontré un professeur exceptionnel et j’ai adoré. J’ai eu une illumination, je veux apporter aux autres ce qu’il m’a donné. Je veux partager. Je suis repartie sûr de moi et de ce que je voulais faire de ma vie. De retour en France, j’ai du reprendre mon travail et le stress qu’il implique. Les peurs sont revenues insidieusement sans que je m’en rende compte. Et je sens mon assurance s’étioler. Ton témoignage me donne envie de foncer. Il me remotive pour prendre ma vie en main et enfin de vivre mon rêve. Qui pour moi est mon vrai chemin de vie. De retour d’Inde, j’ai moi aussi tiré une carte de mon jeu des anges qui me dit « agi avec énergie et détermination » … Merci tu m’as remotivé, je vais suivre ton exemple
Ton récit m’a touché. Quelle belle sincérité… enfin de la lumière et de la vie… l’âme ne connaît pas le temps et les émotions vivent. Merci pour cet éclair qui a illuminé mon âme.
Merci pour ce partage authentique ! Ton expérience est inspirante. Je ne suis jamais encore allée faire une retraite mais de temps à autre je pars quelques jours toute seule m’isoler près de la Nature pour me ressourcer. Continue à partager tes expériences et réflexions avec nous :)
À très vite !
Je ne voulais pas fermer la page sans dire merci pour ce moment :-)