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L’approche corps-esprit dans notre alimentation

L’Inde est à l’origine d’un grand système de médecine, appelé l’ayurveda, et qui a la particularité d’approcher notre alimentation, non pas seulement par ses qualités nutritionnelles mais aussi par ses qualités énergétiques. Le bien qu’ils font a notre âme, a notre cœur, a notre moral, quel que soit le mot qui vous convient pour désigner cette partie de nous, qui n’est pas notre corps, qui n’est pas visible, mais qui est pure énergie.

energie

Que vous soyez convaincu par l’approche corps-esprit ou que vous les dissociez complètement, vous avez déjà expérimenté l’énergie dans votre corps. Une sensation de bonheur, d’euphorie, une bonne nouvelle et voilà que notre corps devient plus léger, plus souple, avec une énergie agréable et positive. Nous voilà inquiets, malheureux ou en colère, et le corps devient un obstacle, il est lourd, les douleurs s’intensifient, même les personnes qui nous entourent peuvent ressentir notre humeur, notre énergie, et chercher à la fuir.

L’énergie qui circule dans notre corps, est un indicateur très important de notre état de santé global: mental et physique.

L’équilibre entre notre corps et notre esprit, est le résultat de nombreux facteurs. En commençant par les évènements aléatoires de la vie, qui peuvent être positifs ou négatifs, et sur lesquels nous n’avons souvent pas d’emprise. Jusqu’à notre réaction face à ces évènements,  qui peut aussi être positive ou négative, et sur laquelle nous avons un grand pouvoir. Le pouvoir de faire d’une crise une opportunité, de relativiser ou de voir les choses sous une différente perspective, plus positive ou plus souple. C’est un travail sur soi de tous les jours. Mais heureusement, d’après les enseignements de l’Ayurveda, cet équilibre est aussi largement conditionné par d’autres facteurs, comme l’alimentation.

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L’ayurveda considère que ce que nous mangeons est chargé d’un certain type d’énergie, une énergie qui viendra se mélanger à la notre une fois que nous aurons ingéré l’aliment. L’idée derrière cette logique, c’est qu’au-delà de notre santé, de notre environnement, ce que nous mangeons modifie également qui nous sommes, notre énergie et notre capacité à réagir positivement, avec patience, amour et compassion face aux personnes que nous croisons et aux instants que nous vivons. Et si ce que nous mangions pouvait faire de nous des personnes meilleures ?

Ainsi, il serait possible de déterminer la nature ou le tempérament d’une personne d’après ses préférences alimentaires. Et par conséquence, réussir à calmer l’esprit, a être une personne plus sereine et plus positive face aux aléas de la vie, en prêtant attention a certaines caractéristiques énergétiques de notre alimentation. C’est ce que l’ayurveda défend et développe depuis des millénaires, jetons y donc un coup d’œil intéressé.

Quelques principes de base


Dans la tradition ayurvédique, tout comme dans celle du Yoga, il existe 3 Gunas ou qualités principales dont les interactions, les mélanges, la coexistence créent tout ce qui est vivant sur Terre. Dans cette philosophie, toute manifestation dans l’univers, qu’il s’agisse des végétaux, des animaux, des minéraux, des Hommes, du feu, de l’eau ou des émotions, absolument tout, est composé des trois qualités primordiales. Le terme Guna voulant dire « qualité », « attribut », « vertu » voire aussi « cordes d’un arc ».

Aucun jugement sur les qualités, elles sont toutes les 3 essentielles. Sattva, Rajas et Tamas sont les noms de ces 3 qualités essentielles, les termes sont en sanskrit, voilà pourquoi ils peuvent nous paraître exotiques ou faisant référence à des notions qui nous sont totalement inconnues, mais c’est le moment de s’y aventurer !

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Sattva est neutre, pure, légère. Elle incarne la force de l’équilibre, de l’harmonie et de la lumière. Cette qualité procure l’éveil, le développement de l’âme et apporte la joie. Ce sont les qualités vers lesquelles les Hommes sont censés tendre, c’est le principe de l’intelligence et du mental qui est mis en avant.

Rajas est la force active, l’agitation, l’énergie. La turbulence, la passion, les fluctuations émotionnelles, la capacité de changement, le mouvement. Rajas représente le principe d’énergie et de force, qui est transformateur mais qui peut aussi être destructeur : l’Homme a besoin de cette énergie mais il doit apprendre à la contrôler pour qu’elle ne le consume pas en retour, devenant égoïste ou souffrant.

Tamas est la force passive, l’inertie,  l’obscurité, la lourdeur d’esprit. C’est une force passive qui obstrue et ralentit notre réflexion, nos actions. Elle entraîne la dégénérescence et la mort. Elle représente le principe de matérialisation.

Chaque aliment que nous absorbons est forcément composé d’une combinaison particulière de ces trois qualités. Chaque qualité a sa place et son importance pour l’Homme, mais vous l’aurez compris, nous devons tout faire pour prioriser Sattva et être en équilibre, apporter un peu de Rajas pour avoir l’énergie suffisante de mener à bien projets et vie, et enfin nous devons réduire Tamas et en saupoudrer parcimonieusement quelques représentants dans notre alimentation.

La métaphore de l’arbre


applePour être surs de s’approprier et de comprendre ce concept, prenons la métaphore du pommier. Une pomme mûre sera sattvique, elle est dans l’équilibre parfait, une pomme en maturation sera rajasique, elle a la capacité de mûrir et de se transformer, une pomme trop mûre sera tamasique, elle est quasi inerte et peut vous faire du mal. Mais, quel que soit l’élèment qui l’emporte, les deux autres caractéristiques seront aussi présentes.

Dans une même pomme, certains côtés seront amochés, d’autres plus verts, d’autres à point. C’est la même idée pour les aliments et pour les personnes. Tout est présent mais dans des proportions très différentes selon chaque aliment et chaque personne que nous rencontrons.

Etant donné que les aliments peuvent être classés selon une prédominance d’une des 3 Gunas, nous pouvons réussir à harmoniser notre corps et notre esprit, grâce à nos choix alimentaires

Les aliments et les pratiques sattviques


Les aliments sattviques procurent tous ces sentiments qui rendent l’Homme heureux : la joie, la sérénité et la clarté mentale. Ils calment l’esprit et lui permettent de fonctionner à son plein potentiel. C’est la consécration de « l’esprit sain » dans un « corps sain » avec une énergie équilibrée.  Sont considérés comme des aliments sattviques :

  • Les fruits frais et mûrs
  • Les légumes mûrs qui sont doux et sucrés (potirons, haricots verts, salades,etc.)
  • Les graines
  • Les graines germées (blé, pousse de soja, alfalfa, etc)
  • Les céréales (blé, orge, riz, etc.) complètes
  • Les jus naturels faits maison (avec une centrifugeuse)
  • Les fruits à coque : amandes, noix, noisettes , etc.
  • Les dattes
  • Le lait
  • Le beurre
  • Le beurre clarifié (ghee)

Vous l’aurez deviné, à la base des aliments sattviques est le concept de non violence (ahimsa en sanskrit). Une alimentation sattvique évite tous les aliments qui impliquent le fait de tuer ou de faire du mal. Ces aliments doivent être produits dans le respect de la nature, sans ajouts chimiques. Ils doivent être préparés et cuisinés avec amour et une intention positive. Cette combinaison de pratiques et d’aliments sattviques nous amène vers un état plus évolué de conscience et de gratitude.

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Les aliments et les pratiques rajasiques


Les aliments rajasiques nourrissent des sensations très fortes comme la sensualité, la sexualité, la gourmandise mais aussi l’avidité, la colère, la jalousie,  l’égoïsme ou l’ illusion. Ce qui explique pourquoi ils sont si importants pour insuffler de l’énergie dans nos projets et nos sensations. Mais ici la modération est la clef, car une alimentation excessivement rajasique va beaucoup stimuler notre corps et exciter les passions : notre mental devient agité et incontrôlable.

  • Aubergines Oignons, ail, ciboulette, poireaux
  • Condiments piquants
  • Épices fortes (poivre)
  • Sel Citron Thé
  • Café
  • Chocolat Oeufs
  • Poisson

Manger de façon rajasique revient à toujours vouloir rajouter des stimulants dans notre assiette: des épices, du piment, des excitants du palais. Puis des boissons stimulantes au cours de la journée (café et thé) et des goûts forts. Manger à la hâte est également un signe d’alimentation rajasique.

Les aliments tamasiques


Les aliments tamasiques, apporteront lourdeur, pessimisme, ignorance, paresse et doutes. Les aliments défraîchis, qui ont mauvais goût ou qui sont insipides rentrent directement dans cette catégorie. Ils n’ont aucun avantage pour l’esprit ni pour le corps, puisqu’ils retireraient de l’énergie vitale pour être digérés et assimilés. Si notre alimentation est trop tamasique, la résistance du corps à la maladie s’en trouve détruite , l’esprit se remplit d’émotions sombres et nous vieillirons beaucoup plus vite.

  • Toutes les viandes
  • L’ alcool
  • Les fruits trop mûrs ou mûris artificiellement (par conséquent, souvent les fruits exotiques ou hors saison)
  • Les aliments non frais (issus de boîtes de conserve, de fritures)
  • Tous les produits cuisinés à l’avance
  • Les aliments réchauffés au micro-ondes, gardés trop longtemps au réfrigérateur, les conserves
  • Les aliments trop cuits ou rassis

L’hyperphagie (c’est à dire, le fait d’avaler de grandes quantités de nourriture rapidement: se gaver) est considérée comme une pratique tamasique.

Application dans la vie de tous les jours


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Une des clefs de cette grille de lecture des aliments, est de comprendre la différence entre les aliments qui nous donnent de l’énergie et ceux qui nous en retirent. C’est une différence très importante. Combien de personnes me disent ressentir un regain d’énergie lorsqu’elles boivent leur café ou qu’elles mangent un plat avec beaucoup de viande (qui inconsciemment lui associent des vertus de force et d’énergie). En réalité, c’est totalement l’inverse! 

Pensez à adapter vos aliments à votre tempérament, votre âge et vos journées. Par exemple: si vous vous sentez en baisse d’énergie, évitez de manger trop d’aliments crus (comme une grande salade estivale) car les aliments crus demandent un temps et une énergie pour être digérés qui est beaucoup plus importante que les aliments cuits. Ce qui explique pourquoi en hiver, l’époque où l’énergie est au plus bas, la Nature nous offre principalement des racines à cuire alors qu’en été, les fruits, salades et crudités fraîches sont partout.

Ne manger que lorsque vous avez vraiment faim! Et apprenez à faire la distinction entre la sensation de soif et de faim. Très souvent, nous ne savons plus faire la différence et nous mangeons alors qu’en réalité nous avons soif!

D’après l’ayurveda, il faut éviter de boire des boissons trop froides, du type un grand verre d’eau glacée au réveil. Cela perturbe fortement agni (le feu digestif) et fige notre estomac pendant une vingtaine de minutes.

Ce n’est peut être pas toujours évident dans nos vies actuelles, mais essayez au maximum de manger des repas faits le jour même. Manger des aliments réchauffés doit rester moins courant que de manger des aliments frais. Et si vous les réchauffez, dès que possible, préférez votre poêle au micro-ondes!

La façon de manger, est également importante en Ayureda, mangez dans une atmosphère saine et sereine en se concentrant sur ce que vous faites: vous mangez, ressentez, mâchez, avalez.

Enfin, l’ayurveda conseille un ordre de prise alimentaire. Étonnamment (ou pas) cela rejoint sur beaucoup de points les conseils naturopathes. En premier, la saveur douce, que l’on retrouve dans les fruits, est recommandée en début de repas. Tout comme en naturopathie, où le temps si rapide de digestion des fruits, les rend excellents en début de repas, mais alourdissants et acidifiants en fin de repas. En deuxième, la saveur acide et la saveur salée sont conseillées au milieu du repas, c’est à dire, souvent notre repas principal classique. Enfin, la saveur piquante, amère et astringente, sont privilégiés en fin de repas, comme par exemple une salade de roquette au goût qui pique ;)

 PS: Pour aller plus loin, vous pouvez en lire davantage sur la dosha et l’ayurveda, ainsi que faire un test pour découvrir votre profil ayurvédique: votre dosha dominante. Une dosha est un profil qui vous définit et qui vous permet de savoir quel type d’alimentation vous fait du bien. L’ayurveda: découvrir sa dosha pour une meilleure alimentation.

4 Réponses à L’approche corps-esprit dans notre alimentation

  1. Bonjour !
    Cet article est vraiment super : connaissances théoriques, pédagogue, notamment bien illustré par les comparaisons, pratique avec la liste des aliments,…

    Par contre, j’ai eu une information contradictoire sur le fait que les aliments soient plus digestes cuits que crus : dans le magazine Plurielle Nature, distribué gratuitement sur Avignon, un article explique que les fruits et légumes crus contiennent naturellement les enzymes qui permettent de digérer plus facilement ces aliments. (Ce processus serait bénéfique pour le végétal car cela améliorerait sa consommation et donc sa diffusion, sa reproduction.) En utilisant l’action des enzymes qu’il contient et donc en sollicitant moins notre propre énergie, l’action de digestion serait facilitée. Alors que la cuisson de l’aliment détruirait en partie ces enzymes naturelles et solliciterait donc mécaniquement plus notre propre machine digestive.

    Auriez-vous un éclairage à m’apporter ?

    Merci d’avance et encore bravo pour cet article très instructif !

    PS : connaissez-vous le pain essene ?

    • Bonjour Rémi,
      Merci pour cette excellente question! En effet, le débat est animé quand aux aliments crus et cuits. Les arguments que vous proposez sont tout à fait valides, et c’est pourquoi une alimentation crue est aussi bénéfique et nutritive. Cependant, mon expérience personnelle et professionnelle dans la matière m’a appris qu’une personne qui est fatiguée, malade ou dont le système digestif est lent, défaillant ou problématique suite à des infections, des diarrhées à répétition, etc. aura beaucoup de mal à digérer certains aliments crus (aussi frais et rempli d’enzymes et de vitamines qu’ils soient). Bien entendu il faut chercher dans ce cas à les introduire progressivement. Mais rien ne sert d’apporter une pression supplémentaire (« les aliments crus sont les plus intéressants nutritionnellement ») alors qu’un repas cuit mais à base de végétaux de qualité, biologiques et de saison, préparé avec des épices et des céréales complètes sera très bénéfique et beaucoup plus facile à assimiler pour un organisme fatigué ou traumatisé (par des années d’alimentation raffinée ou trop carnée, par des voyages à l’étranger qui ont détruit la flore bactérienne intestinale, etc.)
      Enfin, les aliments crus suivent aussi le cours des saisons. Priorisez les lorsque c’est l’été ou le printemps, quand l’énergie corporelle et le feu digestif sont au plus fort. En hiver ou en automne, choisissez ce que votre corps recherche: de la chaleur et de la lourdeur pour vous ancrer.

      Pour le pain d’essène, j’en ai beaucoup entendu parler, mais je n’ai jamais eu la chance d’y goûter! Vous avez des dégustations à nous proposer? :)

  2. Merci pour ce bel enseignement qui plus est pratique.
    Effectivement j’ai testé la manière de manger tamasique et je peux vous dire à quel point j’ai expérimenté la lourdeur .
    Merci une fois de plus

  3. J’AI expérimenté la lourdeur après un repas tamasique et je peux confirmer la validité de cet article . Merci encore

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