Presque tous les jours, quelqu’un me demande : mais où trouves-tu le temps de lire autant de livres ? J’ai un enfant de 17 mois, un boulot à plein de temps et pas beaucoup de temps libre. Question à laquelle je réponds :
- Commence par bien galérer, avec des maux de tête répétitifs et réalise que tu as besoin de porter des lunettes de repos pour lire. Merci ces 6 derniers mois de lecture intensive ! Vous avez dézingué mes yeux.. mais vous avez ouvert grand mon cœur.
- Une fois armée de lunettes.. (oh merde, en écrivant ces mots je réalise que ça fait deux heures que j’écris sur mon ordinateur et j’ai oublié de les mettre !)
- Une fois que tu as vraiment mis tes lunettes, le petit 3 est tout simple. Moins de temps sur Instagram, moins de temps sur Netflix, des bons livres qui te font plonger direct (et que tu peux trouver dans mes articles) et boum ! te voilà embarquée pour une merveilleuse année de livres !
Sans plus attendre, mes (fabuleux, renversants et chéris-chéris) livres du mois de Juin !
City of Girls – Elizabeth Gilbert
Si vous connaissez la célèbre Elizabeth Gilbert (autrice de Mange, Prie, Aime et Big Magic) vous savez qu’elle a rédigé son dernier roman, City of Girls, au cours d’une année très difficile où l’amour de sa vie est morte des suites d’un cancer terminal.
Plongée dans le traumatisme d’un deuil, elle a écrit un des livres les plus légers, une incroyable ode à la vie et à l’amitié, qu’il m’ait été donné de lire. Si vous êtes fan d’Elizabeth Gilbert, si vous aimez son œuvre ou ses textes qui vous prennent aux tripes, et vous vous demandez si son dernier livre est à la hauteur de sa réputation : sachez qu’il l’est.
Basé dans le New York des années 40, on suit l’héroïne Vivian Morris, qui découvre l’âge adulte, son rapport au sexe et les grandes leçons de la vie. A chaque chapitre qui passe, l’histoire gagne en profondeur jusqu’à devenir un tableau émouvant fait de personnages attachants dont vous n’allez pas vous remettre. Elizabeth me fait toujours le même effet : elle me donne envie d’être une femme incroyable et elle me montre que c’est possible. Et je dirais même, elle me montre exactement comment faire ! Quand j’ai refermé les dernières pages de ce livre, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ce livre a fait sauter certaines barrières que j’avais sur la sexualité, l’amitié entre femmes et ce que ça veut dire, une vie merveilleuse. Thérapeutique. Quand vous lirez City of Girls, vous saurez pourquoi.
Le talent d’Elizabeth Gilbert vient d’un autre monde.
Trouver ce livre : chez votre libraire ou sur internet.
Une chambre à soi – Virginia Wolf
Je me suis dit, il serait temps que tu lises ce classique. Pour toutes celles qui s’intéressent à la place de la femme dans l’histoire, Une chambre à soi de Virginia Woolf est une référence. Que pouvait bien écrire une femme il y a près de cent ans sur la question du féminisme ?
Dans le décor d’une Angleterre où les personnes se déplacent encore en carriole à chevaux, eh bien, Virginia Wool est exactement comme nous en 2019 : drôle, attachée à son indépendance financière, pleine de doutes, furieuse. Dans Une chambre à soi, Virginia Woolf doit répondre à la question : de quoi a besoin une femme pour écrire un livre ? (à une époque où les livres écrits par des femmes étaient rarissimes). Sa réponse : « de l’argent et une chambre à soi », est devenu un emblème de la cause féministe.
A ce jour, le manque d’indépendance financière est un des principaux facteurs qui isole une femme de ses capacités et de ses envies. Quand à une chambre à soi (et pour celles d’entre nous qui sommes mères et savons à quel point même « un pipi à soi » est difficile !), elle traite de l’impératif de prendre soin de sa santé mentale. Que ce soit physiquement une chambre, dont vous pouvez fermer la porte et dire : maintenant j’ai besoin de deux/dix/trente minutes seule, ou symboliquement un moment dans votre journée ou votre semaine, où vous n’êtes la mère, femme, collègue de personne et vous êtes votre propre personne, une chambre à soi est essentielle pour survivre. Est-ce que vous avez une chambre à vous? Est-ce que vous vous autorisez à dire : maintenant je veux être seule ?
Ce livre m’a rappelé ce que la première année de la maternité a marqué au fer rouge dans ma tête : prends soin de ta santé mentale et défends la coûte que coûte.
Trouver ce livre : chez votre libraire ou sur internet.
Beauté Fatale – Mona Chollet
En 2019 je lis tous les livres de Mona Chollet, une journaliste et autrice française qui communique avec brio autour des questions féministes. Parce qu’elle est sacrément douée ! Je suis déjà tombée sous le charme de Sorcières et de Chez Soi, et aujourd’hui j’ai terminé Beauté Fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine.
Je m’incline devant cette pépite d’insolence !
Ma relation à la beauté peut se résumer à ce souvenir que j’ai de mon enfance: je devais avoir 10 ans et un cousin était venu nous rendre visite avec les bras remplis de cadeaux, il avait offert à ma grande sœur un carnet avec un stylo et m’avait offert un set de trois petites crèmes qui sentaient bon. A ce jour, je me souviens encore de mon visage déçu en tenant les trois petites crèmes dans mes mains : mais… c’est quoi ces trois petites crèmes à la con (désolée cousin !), pourquoi je n’ai pas reçu le petit carnet qui lui au moins sert à quelque chose ? C’est ainsi que je me suis sentie toute ma vie par rapport à la beauté : décalée. Me demandant pourquoi j’étais censée m’intéresser à ça. Et pendant longtemps, parce que la beauté ne m’intéressait pas, je pensais qu’il me manquait une case pour être une vraie femme.
Je me forçais de temps en temps à faire du shopping alors que la sensation des pieds qui piétinent et des lumières vives des magasins me donne la nausée, je parlais crème et masque et rouge à lèvres alors que mon intérêt pour les questions était purement forcé, je faisais tourner les pages des magazines féminins en me sentant confuse de ne trouver aucun intérêt à tout ça. Que votre rapport à l’univers de la beauté soit confus comme le mien, que ce soit un de vos grands plaisirs, vous trouverez une incroyable inspiration dans ce livre pour comprendre le lien « femmes & beauté » dans le monde.
Beauté Fatale, est une plongée fascinante dans toutes les constructions culturelles et commerciales autour de la femme (comme le souci de l’apparence, le soin apporté au choix des vêtements, le goût du détail, la sensibilité aux objets et la capacité à les investir d’une dimension quasi métaphysique, l’intérêt porté au foyer ou au passage des saisons). Et tous les processus d’auto dévalorisation et de haine du corps dans lesquels on nous a habitué à vivre. Mona Chollet me permet de défaire d’un cran l’attache de la ceinture ou du soutien-gorge que je porte (ou de ne pas en mettre du tout !) et de respirer un bon coup. Si vous avez envie d’une vie où vous êtes bien dans votre corps (et c’est une des plus merveilleuses sensations qui soient), lancez vous et tournez les premières pages de Beauté Fatale. J’aime ce livre. J’admire ce livre. Je veux que tout le monde lise ce livre. Il est important.
Trouver ce livre : chez votre libraire ou sur internet.
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Et vous, vous lisez quelle merveille en ce moment ? Partagez ci-dessous !
Merci Cécile ! _Beauté fatale_ et _Une chambre à soi_ sont déjà dans la très longue liste ! _City of girls_ est très tentant. Je n’ai plus qu’à trouver du temps …
Coucou Aurélie,
Oui ! Je te souhaite de faire de ce temps ta priorité et que ce temps te donne, te donne, plein de choses.
Je t’embrasse,
Cécile
Coucou Cécile !
Merci !
Dans la même veine que Beauté Fatale, « Reflets dans un oeil d’homme » de Nancy Huston te plaira certainement !
Bises,
Coucou !
Merci beaucoup pour cette proposition :)
Bises,
Cécile
Merci Cécile! Encore un beau partage.
Beauté fatale est en lecture et City of girls le sera bientôt!
Plutôt peu convaincu par l’idée qu’il faut s’appreter pour etre belle pendant longtemps, j’ai accepter de me maquiller tous les jours quand j’ai commencé a travailler pour camoufflee mon acné. Quelques années plus tard et presque plus d’acné mais difficile de faire tomber ce masque. On a tous un chemin a faire pour déconstruire ces archétypes mais ensemble on peut le faire!
Très bonne lecture a toutes,
Marine
Coucou Marine,
Tu as bien raison de parler de ça! Quand j’avais de l’acné, la vie sans maquillage aurait été très dure. C’était vraiment dur l’acné, n’est-ce pas ?
Heureuse de savoir que tu lis Beauté Fatale et que City of Girls sera bientôt entre tes mains :)
Merci d’être dans ce monde femme forte !
Je t’embrasse,
Cécile
Merci Cécile… tes précédents posts m’avaient convaincue d’attaquer l’œuvre de Mona Chollet. Je suis en totale admiration pour cette femme capable d’écrire aussi intelligemment (et aussi drôlement) sur des sujets qui, de prime abord, peuvent paraître très sérieux. Alors
qu’en réalité, suivre ses raisonnements et le fil de sa pensée est jubilatoire. C’est ma découverte de l’année et je t’en remercie. Je vais donc suivre ton chemin et me pencher sur City of Girls. Merci de partager tes lecture avec nous (et le reste aussi!).
Coucou Camille,
Je trouve aussi la plume de Mona Chollet vraiment atypique, je n’ai vu ça nulle part ailleurs. Elle donne des exemples hyper terre à terre, accessibles, des séries, des actrices – et puis boum, elle t’emmène hyper loin.
Je l’adore :)
Quand à l’écriture d’Elizabeth Gilbert, et notamment sur City of Girls, c’est comme le plus délicieux des miels.
Je t’embrasse!
Cécile
Je suis en train de terminer Mange Prie Aime et j’avais déjà adoré Comme par magie d’Elisabeth Gilbert, alors je fonce découvrir ce nouveau roman !
Merci de toutes ces belles lectures que tu nous partages et qui nous font avancer dans notre identité de femme (celle que l’on construit et non plus celle que l’on subit).
Ah et j’écoute toujours Un podcast à toi avec beaucoup d’attention grâce à toi !Ca fait bien cogiter également.
Bises à toi,
Lucie
Chère Lucie,
Merci ! Tes mots tombent à pic ce matin et ont beaucoup d’importance pour moi.
Une identité de femme qu’on subit et non plus qu’on subit. AMEN !
Merci d’être là et faire cette place dans ta vie à mes partages.
Je t’embrasse,
Cécile
Des livres fétiches : Mona Chollet et Virginia Wolf. J’ajoute Nancy Huston (Bad Girl et d’autres ) et Siri Hustvedt (tous ceux que j’aimais, une femme regarde les hommes regarder les femmes et toute son œuvre en fait). Merci Cécile !
Merci Cécile pour cette page friandise qui ouvre des portes et donne envie de lire lire lire. Comme je te disais j’ai lu Maryse Condé « Moi Tituba Sorcière » qui est dur mais si beau, je l’ai dévoré, et emporté partout avec moi. Et je me suis délectée de l’épisode de La Poudre qui lui est consacré. Je lis (je le dévore aussi celui-là) en ce moment « Femme désirée femme désirante » de Danièle Flaumenbaum et waou ça me parle , ça fuse dans ma tête! L’as tu lu? Bises et belles lectures de juillet à toi ;)
Cela fait longtemps que je veux lire Une chambre à soi, il est temps de me lancer ! J’attends toujours ta liste de livres du mois avec impatience :)
Concernant Mona Chollet je conseille aussi « chez soi » qui balaie plein de sujet (la consommation, la famille, notre mode de vie, la place des femmes…) il est passionnant !
Merci beaucoup Cécile pour ces recommandations ! Le livre de Mona Chollet me tente beaucoup. J’avais déjà mis son livre Sorcières sur ma liste. Dans mes lectures des dernières semaines, j’ai eu 2 véritables coups de cœur : Âme de Sorcière d’Odile Chabrillac et l’Ayurveda Sourire de mon amie et confrère Gwenaëlle Batard. Je me suis récemment lancé le défi de lire un livre par semaine car j’avais l’impression de passer à côté de tellement de beaux ouvrages ! Effectivement, on se laisse vite happer par les réseaux sociaux et Netflix (entre autres) !! ;)
Bonjour ! Merci pour cet autre partage, et ces analyses littéraires inspirante ! En ce moment, je lis « Maternidades subversivas », de Maria Llopis. C’est un recueil d’entretiens de personnes autour de grossesses, accouchements, maternités et « éducations » différents de ceux imposés par le modèle de société capitaliste et patriarcale. C’est un livre surprenant, qui ouvre complètement le champs des possibles, et à un côté « rassurant ». Je ne sais pas s’il existe une traduction en français, par contre… Profitez tou.te.s bien de vos lectures !!
Coucou Cécile!
Merci pour tous ces fabuleux conseils! Je viens de prendre ma carte à la bibliothèque;) et cédéthèque pour un bon fond musical!;)
Tu m’as fait trop penser à moi dans ton rapport à la beauté. J’ai une question: comment fais-tu pour l’assumer?? Lol! parce que moi c’est pareil, je me forcerai presque à regarder des tuto beauté & mode pour avoir de quoi échanger avec des « vraies filles ». Mais cela m’ennuie à un point monumental et je me trouve pas normale! lol! J’adore me faire belle, mais quand j’ai envie, j’adore faire du shopping mais toute seule et une fois par an pour dénicher des affaires ;););), j’aime bien me maquiller mais quand ça me plaît! Enfin il y a une ambivalence très forte qui prouve que je suis pas totalement à l’aise avec le sujet ni avec les « vraies filles »!;) Et en fait c’est peut être ça qui fait mon identité et ma véritable liberté!;)
Coucou Sophie,
Merci pour ton message et belle plongée dans tous ces livres d’amour :)
Je ne sais pas si j’assume encore tout le temps mon rapport à la beauté, si je suis entourée de femmes ou de personnes qui me font toutes sentir que c’est ÉVIDENT que ça devrait m’intéresser, une pointe de doute s’installe mais en général, ça va. Je réalise qu’après 30 ans de vie, je me connais, je sais comment je fonctionne et qu’est-ce qui me rend heureuse. Les vêtements et l’attention portée à mon apparence, n’en fait pas partie :) Je t’embrasse! Cécile